Signal, le successeur désigné de WhatsApp

La protection des données privées est au cœur de tous les débats portant sur le numérique depuis que les réseaux sociaux et leur écosystème se sont immiscés bien au-delà des frontières au sein desquelles ils étaient initialement cloisonnés. Comprenez par-là que ces derniers sont désormais omniprésents, non plus seulement sur les supports traditionnels tels que les smartphones, mais aussi dans tout ce que le monde d’aujourd’hui compte de connecté. Parmi ces réseaux figure évidemment Facebook, le géant fondé par Mark Zuckerberg en 2004, ainsi que les nombreuses autres plateformes qu’il a absorbées au cours des dernières années. On pense entre autres à Instagram, et surtout à WhatsApp, l’une des messageries sociales les plus populaires du moment. Mais, comme vous le savez, dans les nouvelles technologies plus que n’importe quel autre secteur, tout peut évoluer très vite. Ce qui était considéré comme acquis hier ne le sera donc peut-être plus demain. Les dirigeants de WhatsApp devraient en tenir compte car ils ont récemment vu une part non négligeable de leurs abonnés délaisser l’application au profit de Signal.

Signal est-il pour autant en mesure de mettre un terme à l’hégémonie de WhatsApp ? Autrement dit, peut-il le remplacer ? C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre dans cet article.

Panique sur la messagerie mobile !

Avant de rentrer dans le vif du sujet, rappelons que WhatsApp est actuellement sujet à de virulentes critiques de la part de certains de ses utilisateurs qui se sont indignés de ses nouvelles règles de confidentialité. Ces règles, qu’en général personne ou presque ne lit, stipulaient que toutes les données échangées sur la célèbre application mobile pourraient être transmises à Facebook à partir du 8 février. Nous parlons au passé car la filiale de ce dernier a finalement fait machine arrière, en tout cas partiellement, puisque l’échéance n’a été que repoussée au 15 mai 2021. En outre, Facebook et WhatsApp ont reculé pour mieux sauter. Par conséquent, dans maintenant moins de deux mois, les informations personnelles qui continueront de circuler sur la messagerie aux deux milliards d’utilisateurs pourront alimenter la base de données déjà colossale du réseau social incontournable de Mark Zuckerberg, et ce à des fins notamment commerciales. Si vous utilisez à la fois Facebook et WhatsApp, apprêtez-vous à être inondé de publicités encore plus ciblées !

Conformément à ce que nous expliquions en introduction, WhatsApp a immédiatement vu son audience décroître. Même si celle-ci reste importante, nombreux sont celles et ceux qui lui ont légitimement cherché des alternatives plus respectueuses de leur vie privée. C’est précisément le cas de Telegram, et plus encore de Signal.

Signal est-elle réellement sécurisée ?

La première chose à savoir sur Signal est qu’il s’agit d’une application qui présente les mêmes fonctionnalités de communication que WhatsApp, qui plus est à travers une interface simple et intuitive. Elle est également compatible avec les smartphones iOS et Android et est entièrement gratuite. En revanche, contrairement à la solution de Facebook, son développement est financé par une organisation à but non-lucratif : la Signal Foundation. Elle a par ailleurs été conçue pour être la plus sécurisée possible grâce à des technologies de cryptage robustes telles que ZRTP et le Signal Protocol, une méthode de chiffrement évoluée imaginée en 2013 par Moxie Marlinspike et Trevor Perrin, les créateurs de Signal. Ces différents procédés dont l’efficacité n’est plus à prouver lui permettent de crypter nativement l’ensemble des données que s’échangent ses utilisateurs : messages textuels, images, sons, vidéos, sans oublier les appels. Il faut aussi savoir que Signal minimise les métadonnées, c’est-à-dire des renseignements tels que la dates relatifs au transfert de n’importe quel media, et les supprime dès que leur exploitation ne s’impose plus. Pour faire simple, la seule information que recueille Signal est le numéro de téléphone.

De ce fait, nous pouvons affirmer que Signal est hautement sécurisée, et en ce sens parfaitement fidèle à sa réputation. Le risque zéro ne peut toutefois être exclu. A l’instar de n’importe quelle autre application de messagerie, elle peut faire l’objet d’une attaque et/ou d’une tentative d’espionnage, notamment parce que son fonctionnement implique l’usage de serveurs : un premier pour stocker les informations en transit jusqu’à leur réception, et un second qui héberge quant à lui les clés publiques de chiffrement. Or, un serveur est naturellement exposé au piratage, d’autant plus s’il n’est pas suffisamment sécurisé. Le pire ne doit cependant pas être crain. Il faut juste en avoir conscience. Quoi qu’il en soit, Signal n’a pas vocation pour l’instant à exploiter commercialement vos données privées, et ce n’est déjà pas si mal.